D pend il de nous d heureux
Etymologiquement, bonheur signifie « bonne chance ». Mais si le bonheur est réellement une question de chance, il est évident qu’il ne dépend pas de nous d’être heureux : naître dans telle famille aimante plutôt qu’orphelin, dans une maison confortable ou un bidonville, en un temps de famine ou non… Pourtant, n’y a-t-il pas, pour être heureux, des conseils plus sages que d’autres ? Si je ne conçois pas de bonheur à moins de pouvoir vivre dans une riche villa au bord de la mer, j’obtiendrai sans doute moins facilement satisfaction que si je sais trouver mon bonheur de façon plus modeste. Ainsi, le bonheur n’est-il vraiment qu’une question de chance ? Tout au contraire, ne dépend-il pas éminemment de nos propres représentations, c’est-à-dire de nous ?
I
Etre heureux ne semble pas dépendre de nous. En effet, s’il ne tenait qu’à nous d’être heureux, pourquoi tout le monde ne le serait-il pas ? Comme le rappelle Platon, nul ne veut son propre malheur. Ainsi, le fait même qu’il y ait des gens malheureux prouve que le bonheur dépend de la chance, ou peut-être encore du destin ; mais dans tous les cas, certainement pas de nous.
En poursuivant les buts que nous poursuivons quotidiennement, nous ne poursuivons rien d’autre que le bonheur : nous espérons toujours que ce que nous faisons y contribuera. Cela est vrai aussi bien quand nous sommes tout bonnement en quête de nourriture, que quand nous nous plongeons dans les études, ou même quand nous cherchons à être « quelqu’un de bien », c’est-à-dire à être vertueux. Cela est encore vrai quand nous choisissons une vie de brigand. Ce que nous recherchons, c’est ce que nous estimons être un bien. Mais obtenir ce qui est bien, c’est précisément le bonheur.
Nous pouvons alors échouer dans la poursuite du bonheur de plusieurs façons différentes : ou bien il arrive que ce que nous recherchons nous échappe, à cause d’événements que nous ne maîtrisons pas : par exemple, nous souffrons de la