L’EVEIL DES SENS
Un meuble. Une armoire, une commode, un lit, une table, qu’importe ? Un meuble, juste ainsi en tant que tel. Qu’est-il, qui est-il, comment l’aborder, et comment aborde-t-il ? Un meuble éveille les sens ; dans quelle mesure ? Par ces sens en éveil, le meuble apporte une émotion ; à qui, comment et pourquoi ?

LES SENS EN EVEIL
Notre perception de toutes choses est régie par cinq sens. Dans une réflexion sur le meuble, ces cinq sens entrent en jeux à plus ou moins grande échelle. En effet, un meuble est un objet et de ce fait se regarde, s’observe, se manipule, se transporte, se touche… Deux sens s’éveillent de prime abord, la vue et le toucher. Les trois autres ne sont cependant pas en reste dans cette perception. L’odorat, l’ouïe et même le gout interviennent fréquemment Dans la fabrication d’un ouvrage d’ébéniste, l’artisan prend la réelle mesure des ses sens. La vue et le toucher sont les premiers sollicités, dans le choix d’un bois de qualité, adapté à la réalisation à venir. L’ébéniste, à tous les stades de la confection, tâte, caresse, gratte, effleure, manipule, palpe sa matière d’œuvre pour en vérifier sa planéité, sa douceur, son humidité… le toucher est sans doute le principal sens d’un ébéniste. Le meuble est aussi à maintes reprises observé, vérifié, mesuré, autant d’action mettant la vue à l’épreuve. Lors du travail, le bois diffuse des odeurs, un bon artisan distingue au parfum qui se dégage telle ou telle espèce, le chêne sent la marguerite, le sapin la résine, le cèdre est musqué, l’odeur nauséabonde du goupi lui vaut le surnom de « bois-de-caca ». La cire appliquée sur les meubles anciens, et son odeur caractéristique de térébenthine prouvent à beaucoup de gens l’authenticité d’une pièce. En tendant l’oreille, au printemps, on peut, parait-il, entendre les parasites xylophages, et traiter à temps le meuble. Quand au gout, la seule vue d’une table familiale et hospitalière ne suffit-elle pas à donner de l’appétit ?
VICKY MASSIN