L'argent
Vous discuterez ce point de vue en prenant appui sur votre lecture des trois œuvres inscrites au programme.
Chômage, pauvreté, exclusion sont souvent invoqués pour expliquer, voire justifier des comportements contraires aux bonnes mœurs. Déjà Chamfort écrivait dans le Supplément aux Maximes et pensées :
« Il n’est vertu que pauvreté ne gâte.
Ce n’est pas la faute du chat quand il prend le dîner de la servante. »
L’auteur veut dire que la pauvreté nuit à la vertu. Il l’illustre par une esquisse de fable : un chat qu’on suppose affamé, qui se saisit du dîner de la servante, femme non pas riche, peut-être pas pauvre, mais au moins modeste et pour qui le dîner est indispensable.
Or, justifier un acte délictueux par une situation économique délicate, bref, par le manque d’argent, c’est nier la vertu qui consiste justement à agir sans tenir compte de l’intérêt. Mais d’un autre côté, nier que la pauvreté incite à la criminalité, c’est concevoir une pauvreté abstraite, celle du penseur bien nourri dans son cabinet de travail.
Dès lors, on peut se demander s’il est possible de penser que la pauvreté nuit à la vertu sans nier cette dernière.
On s’interrogera d’abord sur la question de savoir en quoi la pauvreté n’est pas un obstacle à la vertu, puis en quoi elle gâte la vertu et enfin en quoi la pauvreté crée les conditions qui rendent la vertu difficile.
On s’appuiera notamment sur la pièce de Molière, L’avare [GF Flammarion], sur le dix-huitième roman de la série des Rougon Macquart d’Émile, L’Argent [GF Flammarion] et sur les deux premières sections du chapitre III, L’argent dans les séries téléologiques de la Philosophie de l’argent du philosophe et sociologue Georg Simmel.
La pauvreté se définit comme l’état de celui qui a juste de quoi satisfaire ses