L'enfermement dans les films français des années 30. analyse sociologique
« L'ENFERMEMENT » DANS LE CINEMA DES ANNEES TRENTE EN FRANCE.
Que peut-on tirer sociologiquement de l'analyse des films ? Tout film n'est-il pas un «document expressif du monde social » selon Kracauer ?[1]. Comment la représentation de l'enfermement dans Pépé le Moko (1937) de Duvivier, Le Crime de Monsieur Lange (1936) de Renoir et le Jour se Lève (1939) de Carné, peut-elle nous informer sur la société de l'époque ? Peut-on dégager de cette figure une vision de la France des années trente ? Cette période d'entre deux guerres n'a-t-elle pas influencé le cinéma français? L'angoisse d'une nouvelle guerre mondiale n'a-t-elle pas changé la façon dont les cinéastes voyaient le monde et le représentaient ? D'après l'analyse de l'enfermement, nous tenterons d'en tirer un phénomène social, lié au contexte de l' époque : le temps du Front Populaire, de l'approche de la deuxième guerre mondiale, des accords de Munich en 1938 et de la montée du nazisme en Allemagne.
I – L'enfermement, une réaction face à la menace ?
L'enfermement est une figure régulièrement présente dans Pépé le Moko, Le Crime de Monsieur Lange et le Jour se Lève. Analysons la.
La composition, tout d'abord, revient ponctuellement enfermer les personnages par un effet de surcadrage. On voit cela dans Pépé le Moko (image 1 à 6), dans le Jour se lève, (image 7 à 9) et dans le Crime de Monsieur Lange (image 10 à 14). Comme si les personnages étaient sans cesse encerclés par une menace sans nom, figurée ici par la composition du cadre, qui les enferme derrière des barreaux, entre les murs et plafonds des maisons, entre les limites d'une fenêtre, etc. Cette menace ne semble venir de nulle part, si ce n'est de la caméra elle-même. Serait-ce un «labsus »[2] des cinéastes de vouloir à tout prix oppresser leurs personnages par la forme cinématographique ? Le cinéma fait-il transparaître par son cadrage la menace allemande grandissante des années trente ?
Les décors