L'erreur est humaine
Cours sur Vérité et Illusion
Chacun connait bien le proverbe « l’erreur est humaine ». Que dit cette expression, que dit-elle de l’erreur, et que dit-elle de l’humain ? En quoi l’erreur est-elle humaine ? Quelle est la positivité de l’erreur ? En quoi la non prise en compte de l’erreur et de sa positivité est-elle finalement inhumaine ? L’erreur n’est certes pas synonyme de faute, et pourtant on les assimile souvent. La faute n’est pas seulement une erreur que l’on condamne moralement : bien souvent l’erreur de l’Autre est constitutive de la faute. Il s’agirait donc au moins de déculpabiliser l’erreur, d’aller au-dela de la faute ; il s’agirait d’aller vers la civilisation en reconnaissant les vertus civilisatrices de l’erreur elle-même, en tant qu’elle fait partie intégrante de toute recherche.
Donc l’erreur est humaine, mais à quel « niveau » elle est humaine ? Quel genre d’erreur ? Toute sorte d’erreur ? On le voit bien, il nous faut commencer par définir l’erreur. Un brin d’étymologie. Erreur vient du latin « error », course à l’aventure, et de « errare », errer. En français l’erreur n’est pas un terme formidablement ambigu ou polysémique, tout simplement parce que cela semble le contraire de la vérité, dans ses deux dimensions principales, à savoir vérité logique et expérimentale. 2 plus 2 égale 5 est une erreur de calcul, un jugement contraire à la logique mathématique. Il neige aujourd’hui est une erreur, un jugement contraire à la réalité des faits. De ce double point de vue, l’erreur est une privation de connaissance, ce qui est un phénomène humain en effet. Nous n’aurons aucune difficulté à souligner la positivité de l’erreur : puisque ne se trompe que celui qui cherche la vérité, la vérité a besoin de l’erreur pour apparaître. L’erreur n’est qu’une vérité en gestation, à partir du moment où l’on admet (comme il convient) que l’éclosion de la vérité est un processus historique et laborieux, collectif, et pas forcément