L'europe et le monde arabo-musulman
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Le discours sur l'Islam est donc un contre-miroir de notre civilisation par l'incarnation de la barbarie moderne, à l'instar du discours sur l'URSS pendant la guerre froide. L'intégrisme islamiste, c'est à dire la « barbarie » de l'autre, sert de subtitut facile à une analyse objective des convulsions géopolitiques du Proche-Orient. Ce qui frappe aujourd'hui, c'est « la revanche de Dieu », c'est à dire le regain de clichés religieux et de schémas bibliques dans les analyses actuelles des relations internationales. Où sont donc passées la philosophie des Lumières, le voltairianisme, la sécularisation de la pensée? C'est comme si cette grille de pensée avait sombré avec la fin du communisme et la décolonisation. Or il faut lutter contre la symbolique négative du 11 septembre. Il est impossible au regard de l'histoire de s'enfermer dans un questionnement comme celui des raisons de la séparation entre l'Europe et l'Islam, tant les ensembles sont hétérogènes et en constantes communication. Ils ne sont en rien des blocs étanches, unifiés et hostiles. Il faut en finir avec ces définitions culturalistes et ne pas enfermer les musulmans dans l'islam. Tout généralisation et essentialisation est fragile, car elle peut être facilement démentie. Le propre de la démocratie est d'accepter le conflit, le désaccord, la différence et de les mettre publiquement au coeur des échanges politiques. Il faut accepter l'expression de valeurs et d'opinions contradictoires dans les pays musulmans et donc arrêter de soutenir des dictatures par souci de lutter contre l'extrémisme. Il faut reconnaître la diversité de l'autre, comme nous le faisons en Europe où les palettes politiques vont de l'extrême droite à l'extrême gauche. Lorsque l'on aura renoncé à un tel schématisme, lorsqu'une critique dans l'islam ne sera plus systématiquement entendue comme une critique de l'islam, il deviendra envisageable de sortir de la perspective du choc pour entrer