L'homme est il un animal dénaturé?
Non, ce n’est ni un canular, ni une hypothèse saugrenue tout droit sortie de l’imagination fertile des philosophes, mais une découverte on ne peut plus scientifique.
Oyez, Oyez, bonnes gens, qu’on se le dise : le singe descend de l’homme !
Nous fêtons en 2009 le cent cinquantième anniversaire de L’origine des espèces de Darwin. Il y a quelques années, les paléontologues ont exhumé Ardi, âgé de cinq millions d’années. Depuis la découverte d’ Ardi (nôtre « nouvel ancêtre »), de nombreux scientifiques ont confirmé ce qu’ils pressentaient, à savoir que le redressement des hominidés sur leurs deux jambes a précédé l’apparition des grands singes. Ce constat, tout en relançant la question de nos origines, lance un vaste débat philosophique : si l’humain n’est plus réellement caractérisé par la bipédie complète, pas plus d’ailleurs que la taille du cerveau ou les outils, alors par quoi est-il caractérisé ?
Dans le schéma jusqu’ici adopté, le redressement de l’Homme ne se faisait qu’à la fin du parcours : sortant de la forêt pour rejoindre la savane, l’Homme ayant désormais accès à un espace plus ouvert aurait « conquis sa verticalité ». Selon le philosophe et préhistorien André Leroi-Gourhan, la bipédie permanente de l’Homme (à distinguer de la bipédie occasionnelle de l’ours par exemple) serait à l’origine de ce qu’il appelle les « trois grands libérations » : celle de la main pour l’outil, celle de la face pour le langage, et celle du cerveau pour l’intelligence. Depuis Ardi, ce schéma a volé en éclats : la découverte de bipèdes vieux de sept millions d’années conduit les scientifiques à penser que l’ancêtre éloigné des Hommes et de grands singes, en plus d’être bipède, ressemblait davantage aux premiers qu’aux seconds.
S’il y avait des singes avant l’homme (depuis cinquante millions d’années) les grands primates comme le chimpanzé ou le bonobo, en lesquels nous pensions trouver une image proche de notre ancêtre commun