L'homme sans foi ni loi
Schopenhauer montre bien le lien du désir au besoin et au manque. Ainsi, écrit-il, le fait de vouloir est toujours engendré par le manque, celui-ci étant identifié immédiatement à la souffrance. La plénitude qui provient de la satisfaction d’un désir particulier ne peut jamais être complet dans la mesure où cette même satisfaction est ce qui empêche d’autres désirs de se réaliser (le désir est infini). De plus, cette plénitude très partielle ne dure pas et laisse très vite place à d’autres désirs. C’est en quoi le désir ne saurait promettre ni bonheur ni repos. Le trouble habite irrémédiablement la conscience de l’homme attaché à sa volonté. Freud a tenté de penser l’ajustement progressif de la nature désirante de l’homme aux conditions concrètes de son existence. L’homme, dans sa plus tendre enfance, n’est gouverné que par le « principe de plaisir », toute son activité psychique étant alors dirigée vers une recherche effrénée du plaisir et un évitement du déplaisir, rien d’autre n’entrant alors en considération. Seule alors la pulsion sexuelle, la libido, est à l’œuvre. Bien que cette tendance sexuelle ne s’éteigne jamais, elle se trouve peu à peu contrecarrée par les tendances du moi qui suivent le « principe de réalité ». Celui-ci apprend au moi à refuser ou à différer certains plaisirs, à supporter certaines souffrances. Ce n’est pas que le plaisir soit abandonné ; il cherche simplement alors à se conformer aux nécessités de la réalité pour se donner une plus grande