Série d'agencements lumino-cinétiques les Light Machines[1] est un même projet composé de multiples pièces[2]. A priori ce sont des tableaux abstraits composés de myriades d'ampoules à intensité variables. Cette oeuvre complexe fonctionne en deux temps : le visible et l'invisible de ses compositions qui prennent toutes leurs amplitudes lorsqu'elles s'animent. L'auteur, Xavier Veilhan a notamment employé des extraits de films historiques tels que Le Triomphe de la volonté de Leni Riefensthal ou Traffic de Jacques Tati. Les Light Machines constituent des images rémanentes. Jeu de perception sensitif et iconique on remarque et reconnaît, en prenant de la distance face à ces « tableaux - écrans », des séquences de films. Ou plus exactement on pense reconnaître des extraits de films échantillonnés alors qu'il n'en est rien puisque toutes courtes séquences filmiques ont été réalisées par l'artiste. « Le spectateur perçoit, à condition qu'il s'éloigne suffisamment du dispositif, un petit film non-narratif, passé en boucle dans lequel alternent travellings et plan fixes : des images animées et contrastées, où ombre et lumière rivalisent pour faire évoluer des formes génériques, impersonnelles, plus ou moins abstraites. »[3] Chez Xavier Veilhan[4], l'annexion de toutes les technologies sophistiquées est plus ciblée. Le travail, réalisé avec des techniciens en électroniques et des informaticiens, est un dispositif dans lequel la mémoire (ici celle proposée par l'artiste mais correspondant à une mémoire à volonté collective) met en présence le souvenir d'images visuelles en mouvement. Elles sont dématérialisées voire même décorporéisées (les critiques artistiques parlent généralement d'une désincarnation de l'oeuvre), c'est à dire résultant d'une transformation technologique dans laquelle le support mais également les dimensions de l'image ont été adaptées. L'image plane a été numérisée mais également redimensionnée, passant d'un support bidimensionnel à un support éclaté