L’encyclopédie, édition et subversion
I. Les protagonistes de l’Encyclopédie
L’Encyclopédie est la grande aventure intellectuelle du dix-huitième siècle, à laquelle ont été mêlées, soit comme auteurs cités, soit comme participants actifs, toutes les grandes figures de la pensée des Lumières. Diderot (1713-1784), d’abord, co-directeur de l’Encyclopédie, puis directeur unique, est le tout jeune maître d’œuvre, à un moment où il n’a écrit encore aucune des œuvres qui sont devenues célèbres aujourd’hui (Le Neveu de Rameau et Jacques le Fataliste, par exemple). Les nombreux articles de Diderot, sur les sujets les plus divers, sont en principe signalés dans le texte par un astérisque (*).
D’Alembert (1717-1783) co-dirige l’Encyclopédie dans la première phase de l’édition. Il rédige le Discours préliminaire en 1751. Outre les articles de mathématiques et d’astronomie, ses articles les plus connus sont l’article COLLÈGE, dirigé contre le système d’éducation jésuite (t. III, 1753), l’article DICTIONNAIRE, auquel Diderot répond par l’article ENCYCLOPÉDIE, et l’article GENÈVE (t. VII, 1757), auquel Rousseau répond par la Lettre à D’Alembert sur les spectacles (1758).
Rousseau (1712-1778) participe d’abord à l’Encyclopédie par amitié pour Diderot avec qui il connaît une véritable communion intellectuelle avant de se brouiller avec lui. L’article le plus important de Rousseau est l’article ECONOMIE POLITIQUE (t. V, 1755), qu’il écrit en même temps que le Discours sur l’origine de l’inégalité ou juste après. En dehors de ce long article de philosophie politique, la collaboration de Rousseau s’exerce dans le domaine musical 1. Après la brouille de Rousseau et des « philosophes 2 », Diderot insère un deuxième article ŒCONOMIE, à la lettre O.
Le baron d’Holbach (1723-1789), aristocrate matérialiste et athée, ouvre son Salon aux philosophes et prépare, par sa collaboration à l’Encyclopédie ce qui sera son œuvre maîtresse, le Système de la nature (1770). Outre quelques