L'échange
1/ La forme archaïque de l’échange : le don
Primitivement, l’échange se présente essentiellement sous forme de dons réciproques.
Dans les sociétés archaïques, on ne constate jamais de simples échanges de biens au cours d’un marché passé entre les individus. Ce sont au contraire des collectivités (familles, clans, tribus...) qui offrent des richesses, des festins, des politesses, des femmes ou des enfants.
Cette forme primitive de l’échange a un caractère supra-économique, c’est-à-dire que c’est un phénomène social total, doté de significations magiques et religieuses.
Aussi, ces prestations et contre-prestations sont-elles rigoureusement réglementées, malgré leur apparence volontaire. Familles et clans doivent faire des dons, à l’occasion des naissances, des mariages, des décès, des traités de paix etc...
« Ces prestations et contre-prestations s’engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des cadeaux, bien qu’elles soient au fond rigoureusement obligatoires, sous peine de guerre privée ou publique »
(M.Mauss, Essai sur le don)
L’illustration la plus célèbre de ces prestations totales, de ces dons à signification religieuse et magique nous est fournie par le Potlatch des Indiens de la côte Pacifique d’Amérique du Nord.
« Potlatch » signifie essentiellement nourrir, consommer. Ces tribus, fort riches, vivant dans les îles ou sur la côte, passent leur temps dans une fête perpétuelle, avec banquets, foires et marchés.
De quoi s’agit-il au juste dans le Potlatch ?
De surpasser un rival en magnificence, de l’écraser sous des obligations auxquelles il ne pourra satisfaire en retour. Le don est ici synonyme de guerre larvée, où l’objectif est de parvenir à écraser son rival. Dans le Potlatch, échanger, c’est donner pour surpasser :
« Il y a prestation totale en ce sens que c’est bien tout le clan qui contracte pour tous, pour tout ce qu’il possède et pour tout ce qu’il fait, par l’intermédiaire de son chef. Mais cette