« Imago veritatis castigat ridendo mores » c'est en ces termes que Patrick Dandrey exprime la poétique de Molière dans son ouvrage L'Esthétique du Ridicule. Peindre le réel, chatier les moeurs en riant, deux objectifs qu'on souhaite atteindre par le biais d'un seul moyen: la comédie. Dans La Critique de l'école des femmes Molière l'exprime clairement comme exigence de la comédie: « lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d'après nature. [...] il y faut plaisanter. »(Sc. 6). Cette exigence va entrainer une dualité dans toute l'histoire de la comédie. Un critique nous dit: Molière aurait donc trouver son inspiration suivant deux sources, inspiration définie par son public, la « fine fleur de la société », c'est à dire, en résumé, un public galant. Ce critique évoque ici plusieurs notions: les sources de Molière, la division en deux qu'il propose, l'importance du public. Quel crédit et quels bémols devons nous accorder à ce critique? Nous nous poserons d'abord la question des sources, et verrons que la division qu'il en fait n'est pas la plus légitime. Nous nous intéresserons ensuite à la poétique même de Molière et observerons comment il emploie ses sources. Enfin, la question du public, son importance dans l'écriture du dramaturge, seront analysées.
Le critique propose une dualité des sources qu'il exprime de cette façon: d'un côté la comédie latine antique et la comédie italienne de la Renaissance; de l'autre la farce populaire. Or elle ne me semble pas légitime. La comédie de Molière, mais également la comédie en générale, comme je l'ai dis précédemment, se propose de relever deux enjeux: peindre le réel et châtier les moeurs par le rire. Il convient ici d'affiner la division proposé par le critique. Dans les faits, on trouve toujours une prédisposition pour l'un ou l'autre de ces enjeux. Ainsi, dans la comédie latine, on trouve l'incarnation de ces deux courants, en la personne de Térence pour la peinture du réel et en Plaute pour la correction