L'émergence de la lecture silencieuse
A l’aube de la médiatisation, les écrits affluent plus que jamais de toute part. L’homme moderne est donc constamment sollicité à exercer sa capacité à intérioriser les messages cryptés car le flux massif d’informations requiert une compréhension rapide. Or, cette rapidité fut atteinte notamment grâce à l’existence de la lecture silencieuse. Ce mode de lecture particulier que nous pratiquons quotidiennement nous semble parfois anodin et intemporel. Pourtant, il importe de savoir que cette pratique n’émergea pas fortuitement. Elle résulte, en effet, d’un long processus historique. Ainsi, dans l’antiquité grecque et romaine, le mode de lecture le plus répandu était la lecture orale. Puis, suite à l’évolution des mentalités et grâce à l’apport des nouvelles avancées techniques, la lecture silencieuse renversa peu à peu la prédominance de l’oral. Ce fait peut déjà s’examiner à l’époque impériale romaine. Mais quels contextes favorisèrent son développement dès les civilisations grecques et romaines antiques ? Quels furent les apports de cette nouvelle approche de la lecture chez ces lecteurs antiques ? La littérature silencieuse a-t-elle destitué entièrement la lecture orale ? Ce bref exposé s’attachera plus particulièrement à ébaucher les principaux évènements qui contribuèrent à l’essence de cette lecture silencieuse dès le Ve siècle ACN en s’inspirant de l’article de Jesper Svenbro ainsi que de celui de Guglieno Cavallo, parus dans Histoire de la lecture du monde occidental.
Il importe de se remémorer dans un premier temps que l’oral fut pendant longtemps le seul moyen de communication mis à la disposition des hommes. Effectivement, les premières écritures n’apparurent qu’aux environs de 3300 ACN dans la région de Sumer, 3000 ACN en Egypte. Quant à l’écriture cunéiforme des Phéniciens, elle fut reprise par les Grecs vers le VIII e siècle ACN qui l’adaptèrent en y ajoutant leurs voyelles afin de créer une musicalité