Lecture de la poésie L’épistolaire dans les Regrets, Du Bellay (1558)

Introduction * Recueil écrit entre 1553 et 1557 et qui retrace le séjour à Rome et le voyage du retour en France. Déçu face à la vision d’une ville détruite et qui a perdu toute sa puissance antique, il écrit les Regrets comme une plainte ou comme pour trouver une consolation. * Du Bellay se plaint donc d’être séparé de la France et le recueil est marqué par le sentiment de nostalgie, on peut parler d’une « poésie de l’exil ». Il rejette la poésie haute et érudite et favorise le « style bas », mais on verra que le style de Du Bellay est en réalité plus complexe et plus profond puisqu’il mêle plusieurs genres et plusieurs traditions littéraires. * En effet, les Regrets peuvent être appréhendés comme un recueil de sonnets épistolaires dans le sens où le poète tente de faire persister un lien entre la France et l’Italie : ses sonnets sont comme des lettres adressées à des amis, des artistes ou même des personnalités diplomatiques…qu’il cite de façon plus ou moins explicite et c’est d’ailleurs là qu’il fait preuve d’une grande maîtrise de la langue poétique. * problématique : comment cette complexité poétique et formelle propre au recueil de Du Bellay ? comment la subtilité du jeu épistolaire devient un enjeu majeur des Regrets ? * I. Le caractère épistolaire du recueil
II. Les différents destinataires / destinations

I. Le caractère épistolaire du recueil * l’héritage littéraire
Regrets est un recueil « hybride » : il emprunte la forme du sonnet (habituellement associé au discours amoureux) alors qu’il n’est pas question d’amour, et il s’inspire aussi de plusieurs traditions épistolaires et poétiques qui créent une hétérogénéité du recueil.
Du Bellay renoue en effet avec la tradition élégiaque ovidienne : il s’inspire de deux œuvres d’Ovide : Tristia = recueil autobiographique qui retrace l’exil du poète et qui prend forme épistolaire puisqu’Ovide