L' ironie dans les liaisons dangereuses ( laclos & frears )
1) Quelle est la place de l’ironie dans Les Liaisons dangereuses de Laclos et dans son adaptation par Stephen Frears.
Les liaisons dangereuses de Laclos et son adaptation par Stephen Frears mettent en scène deux libertins qui s’emploient à pervertir leurs victimes. Ils comparent souvent leur entreprise à une guerre ou à une partie de chasse. L’ironie est une de leurs armes et l’insigne par lequel ils se reconnaissent. Nous verrons donc d’abord quel usage Valmont et la marquise de Merteuil font de l’ironie, puis nous montrerons la place de l’ironie dans la construction du roman et du film.
L’ironie est donc d’abord présente dans la relation épistolaire qu’entretiennent Valmont et la marquise de Merteuil. Elle a pour fonction d’établir une connivence dans leurs échanges épistolaires et s’exerce contre leurs victimes puisqu’elle vise à les moquer, à moquer leurs valeurs : elle consiste en un décalage entre la lettre de l’énoncé et son sens, décalage qu’ils peuvent déceler parce qu’ils ont le même code (Ainsi la Merteuil parle-t-elle dans la lettre 20 du « service » qu’elle veut rendre à Gercourt en éduquant Cécile). Ce décalage entre la parole et l’intention est au cœur de l’éthique libertine, ce qui apparaît très nettement a contrario lorsque Merteuil reproche Cécile de dire « tout ce qu’elle pense et rien de ce qu’elle ne pense pas » (lettre 105).
L’ironie dont ils font preuve est une forme d’ironie théâtrale : en effet, ils se conçoivent tous les deux comme des acteurs sur le grand théâtre du monde (la marquise nous apprend dans la lettre 81 comment elle a appris à travailler sa physionomie) et ils se donnent en spectacle l’un à l’autre. La marquise par exemple joint à son récit de l’aventure avec Prévan (lettre 85), la lettre reçue de la Maréchale de*** (affligée du péril devant lequel sa « vertueuse amie » s’est trouvée) pour faire mesurer à Valmont le décalage entre le sens apparent (pour la