L'absurde
Dans le contexte de la guerre et de l'après-guerre, ces philosophes ont brossé un portrait désillusionné d'un monde détruit et déchiré par les conflits et les idéologies.
Les pièces de théâtre de Camus et Sartre n'ont pas les critères formels des pièces appartenant au « théâtre de l'absurde » (pas d'intrigue ni de personnages clairement définis, le hasard et l'invention dominent) même si leurs personnages en sont les porte-parole philosophiques.
Albert CAMUS fonde la notion philosophique d'absurde, mais jamais ne souhaitera que l'on compare ses pièces à celles qui appartiennent au mouvement du « théâtre de l'absurde » : celles Ionesco, Beckett, etc. Il explique en 1955 que lui n'est pas allé vers l'humour, la fantaisie, alors que lui tient à la dimension tragique de ces pièces. Il refuse le comique grinçant, tout comme le sourire. Il s'attache au sérieux de ses pièces (pour certains, la preuve que Camus est dépassé par la modernité).
Philosophie de l’absurde
Les romans, les essais et les pièces de théâtre de Camus sont marqués par sa réflexion philosophique et politique.
L’Étranger (1942), l’un de ses premiers ouvrages, se caractérise avant tout par un style extrêmement neutre — ce que l’on appelle une écriture «blanche» — et méthodiquement descriptif. Le héros et narrateur, Meursault, un employé de bureau, y semble «étranger» à lui-même; dépourvu de sentiments vis-à-vis des êtres et des situations, il agit comme de manière machinale. La lumière, le soleil, la chaleur semblent être la cause d’une soudaine précipitation des événements : sur une plage, à la suite d’une bagarre, il tue un homme de cinq coups de revolver sans pouvoir fournir lui-même de véritable raison à son acte. C’est précisément dans ce décalage entre l’individu et le monde que se situe la dimension absurde de la condition humaine.
L’absurde comme réalité