L’AFFAIRE CALAS (1762-1765)

1685 : Edit de Fontainebleau révoquant l’Edit de Nantes
1) La mort de Marc-Antoine Calas
Né en 1698, Jean Calas était un négociant en indiennes de la petite bourgeoisie et marié à une Anglaise, Anne-Rose Cabibel (dont les parents avaient fui en raison de la Révocation de l’Edit de Nantes). Bien que sa famille fût baptisée (probablement par souci de conformité à la loi), Jean Calas était protestant. Ayant tenté, en vain de faire fructifier ses affaires, il ne fut pas en mesure d’aider son fils Marc-Antoine à fonder sa propre entreprise. Il vivait à Toulouse, où la résistance face à l’invasion des huguenots en 1562 est encore dans les esprits (commémorations, rappels dans les almanachs, la littérature, la peinture et les discours), au point qu’une certaine méfiance demeure envers ces protestants « hérétiques ».
L’aîné des fils de Jean Calas, Marc-Antoine avait suivi des études de Droit, notamment chez des Jésuites. Une fois la licence acquise, il dut fournir un certificat de catholicité pour pouvoir devenir avocat. Il demande un certificat de complaisance au curé de sa paroisse mais celui-ci refuse. Il se voit donc condamné à rester dans la boutique familiale. Mesurant 1,72 mètre, ce qui était une bonne taille pour l’époque, il semble être quelqu’un d’aimable, doux, apprécié et soigné.
Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1761, après un dîner en famille (femme, fils Jean-Pierre, l’ami Gaubert Lavaïsse, ainsi qu’en présence de la servante catholique Jeanne Viguière), il retrouve son fils ainé, Marc-Antoine, âgé de 29 ans, sans vie. Un médecin alerté par les cris remarque des traces d’étranglement. Jean Calas cache le suicide, considéré comme déshonorant. Il affirme dans un premier temps que son fils a été retrouvé gisant sur le sol. Mais, après examen par un médecin et des chirurgiens de la ville, preuve a été faite que le défunt pendu, soit par lui-même soit par une autre personne. Jean-Pierre et Lavaïsse révèlent alors qu’il était