L'affaire dreyfuss
L'affaire se déroula dans un contexte social particulièrement propice à l'antisémitisme et dans le cadre de l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine par l'Empire allemand. Elle a bouleversé la société française pendant douze ans, de 1894 à 1906. En septembre 1894, en pleine période de révision des plans de guerre après la conclusion de l'accord secret franco-russe, fut découvert au service de renseignements français un bordereau anonyme contenant une liste de documents militaires français confidentiels destinée à l'ambassade d'Allemagne. Un officier du 2e bureau de l'état-major général, juif d'origine alsacienne, le capitaine Dreyfus, fut inculpé sur une simple ressemblance d'écriture et traduit devant le Conseil de guerre qui le condamna le 22 décembre suivant à la dégradation et à la déportation à vie sur l'île du Diable. Rares furent ceux qui mirent en doute sa culpabilité y compris parmi les socialistes (Jean Jaurès par exemple) et le procès alimenta la campagne antisémite du journaliste Drumont qui s'exprimait dans le journal la Libre Parole. Pourtant, la famille du capitaine, et notamment son frère, Mathieu, continua d'agir pour faire triompher son innocence. Le colonel Georges Picquart, chef du contre-espionnage, constate en mars 1896 que le vrai traître avait été le commandant Ferdinand Walsin Esterházy. L'État-Major refuse pourtant de revenir sur son jugement et affecte Picquart en Afrique du Nord. Un an plus tard le Figaro, sous la plume de Mathieu, le révéla au public.
Afin d'attirer l'attention sur la fragilité des preuves contre Dreyfus, sa famille contacte en juillet 1897 le respecté président du Sénat Auguste Scheurer-Kestner qui fait savoir, trois mois plus tard, qu'il a acquis la conviction de l'innocence de Dreyfus, et qui en persuade également Georges Clemenceau, ancien député et alors simple journaliste. Le même mois, Mathieu Dreyfus porte plainte auprès du ministère de la Guerre contre Walsin-Esterházy. Alors