L'affiche rouge
Pour Adam Rayski, l'existence d'un procès public, et l'allégation que les accusés auraient comparu dans une salle d'audience dans un grand hôtel parisien, est un « énorme mensonge de la propagande allemande et vichyssoise »13.
La chronologie proposée par Philippe Ganier-Raymond est tout autre : pour lui la séance de photographies et de tournage cinématographique à partir de laquelle a été constituée l'affiche a eu lieu le matin du 21 février et l'affiche est parue « un mois plus tard »14, c'est-à-dire « dans les premiers jours d'avril 1944 »4. Mais cette chronologie est plus difficile à concilier avec la date du 11 février 1944, que l'Institut national de l'audiovisuel donne au document cinématographique « Deuil et appel à la répression après des attentats “terroristes”/ Obsèques de trois gardes du GMR »15, ainsi qu'avec les parutions clandestines qui mentionnent explicitement l'affiche rouge relativement tôt : le no 14 de mars 1944 des Lettres françaises11 et le tract publié par l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE) en mars 19447. Jean Anouilh affirme pour sa part s'être inspiré de l'événement pour écrire son Antigone, créée au théâtre de l'Atelier le 4 février 1944, mais il semble — s'il fait bien référence à l'Affiche rouge — qu'il commette a posteriori une erreur de chronologie, certaines sources indiquant que l'essentiel de la pièce avait été écrit dès 1942, suite à l'« affaire Paul Collette »16.
L'éditeur de l'affiche, non mentionné explicitement sur celle-ci, serait, d'après Michel Wlassikoff, le Centre d'études antibolcheviques ou CEA, affilié au CAA (Comité d'action anti