L'amour propre de la duchesse de langeais
Dans un article, Roland Chollet1 explique que, d’octobre 1832 à avril 1834, Balzac a rédigé une série de textes dont les sujets sont très proches : Dézespérance d’amour (du 21 octobre au 26 novembre 1832), « La confession du Médecin de compagne »2 (mi-octobre 1832) et La duchesse de Langeais (avril 1834). Ces récits, inspirés probablement par les relations amoureuses de l’auteur lui-même, racontent et répètent la même histoire : une rencontre entre un homme talentueux mais socialement inférieur et une femme noble mais « vaniteuse ». Ils pourraient être le fruit d’une relation de quatorze mois (août 1831 à octobre 1832) 3 entre Balzac et la marquise de Castries (qui deviedra duchesse en 1842).
En effet, l’expérience de Balzac avec cette femme a été désastreuse, alors que c’est elle qui a fait les premiers pas. C’est la marquise qui a envoyé une belle lettre anonyme à l’écrivain avant d’inviter Balzac chez elle. Et c’est toujours elle qui lui a demandé de l’accompagner dans un voyage en Italie. Mais manifestement, c’est aussi elle qui a refusé d’aller plus loin dans leur relation.
Quant à Balzac, bien qu’il ait douté de la sincérité de la marquise4, il a été très « flatté » par l’accueil chaleureux qui lui a été réservé. Sans doute, la haute position sociale de son hôtesse y est pour quelque chose. A peine après quelques mois de fréquentation, et malgré le scepticisme de Zulma Carraud et de Mme de Berny, Balzac prétend éprouver un « amour sans borne » pour la marquise. Il s’enflamme et il lui écrit le 12 avril 1832 :
[...] vous m’avez accordé de si douces heures que je crois qu’il n’y a plus de bonheur pour moi que par vous et je voudrais vous rendre comme Dieu vous rendra dans le ciel […]. (2006, 500)
Très vite, cette relation s’est avérée être une illusion. Après avoir rejoint la marquise en Suisse, Balzac a brutalement changé d’avis : il n’a plus voulu aller en Italie avec