L’Amérique dans Voyage au bout de la nuit

Bien que l’Amérique soit fortement critiquée par la suite, elle est d’abord présentée comme un lieu de rêves dans Voyage au bout de la nuit. Grâce aux charmes physiques de Lola et aux réponses vagues qu’elle donne aux questions de Ferdinand, l’Amérique devient pour lui un endroit de curiosité, ce qui fait naitre l’envie de faire un « pèlerinage » aux Etats-Unis : « Je reçus ainsi tout près du derrière de Lola le message d’un nouveau monde » (54). La référence à la forme callipyge de l’Américaine annonce l’intérêt que Bardamu a d’abord pour les choses physiques lorsqu’il arrive à New York. En effet, des son arrivée, Ferdinand a la folie pour cette ville « absolument droite » et « debout » (184) ainsi que pour « les promesses possibles de la figure et du corps parmi tant de blondes » (194). Même si Ferdinand est ravi d’être à New York et séduit par les apparences, Céline se sert des premières perceptions de Bardamu pour ridiculiser les Américains. Ferdinand se dit que ses techniques de compter les puces pourraient lui servir (185). En effet, lors de sa visite médicale il est embauché pour un stage comme statisticien chargé de compter et de catégoriser les puces. Ferdinand remarque que l’addition des statistiques qu’il compilait s’effectue « dans un service spécial doté de machines électriques compte-puces » (190). C’est ainsi que Céline infirme l’idée du progrès scientifique qui était censée différencier l’Amérique de l’Europe. Par ailleurs, en faisant Bardamu valoriser l’extérieur des choses Céline prépare la condamnation du caractère moral des Américains. Ils ne sont que des carapaces vides trop attachées aux idées fausses. Céline le montre dans le comportement des gens : ils se promènent pressés dans les rues sans s’en rendre compte des alentours (194). La nuit, les hommes fument pendant qu’ils se rasent pour ne pas perdre une minute avant de se coucher (199). Ferdinand leur reproche de ne pas chercher « à