L'anomie
Dans De la division du travail social (1893), l'anomie est, selon le commentaire qu'en donne
Philippe Besnard, “une des formes pathologiques de la division du travail, c'est-à-dire la carence temporaire d'une réglementation sociale capable d'assurer la coopération entre des fonctions spécialisées”. La division du travail anomique, typique des sociétés urbaines modernes, apparaît d’une part du fait de la hausse des crises industrielle et commerciale, des faillites qui en résultent, et, d’autre part de l'augmentation de l'antagonisme entre le travail et le capital. Elle est anomique car elle ne produit pas la solidarité organique – c'est-à-dire un lien social fondé sur la complémentarité des tâches.
Il en résulte que les relations entre les organes – ou individus solidaires entre lesquels se tisse le lien social, des ouvriers travaillant dans une entreprise par exemple – ne sont pas réglementées. Cet état provient d'une insuffisance de contacts entre ces organes qui, lorsqu'ils ont des échanges suffisamment fréquents, se régularisent d'eux-mêmes et aboutissent à un ensemble de règles.
L'affaiblissement de la conscience collective qui en résulte vient donc de ce que les conditions d'existence de la solidarité organique ne sont pas assurées. La seconde acception, qui a connu une plus grande postérité, est présente dans le livre sur Le
Suicide (1897) où Durkheim en distingue un type, parmi les causes collectives qui expliquent le suicide des individus, qu'il baptise le “suicide