L’APPARITION DE L’ECRITURE

Les inscriptions sur os et sur bronzes – Dynastie Shang

INTRODUCTION

Pour l’humanité, la naissance de l’écriture marque le passage de la barbarie à la civilisation. L’écriture chinoise cristallise le génie créatif de la Chine : par l’originalité de sa forme carrée ; par sa capacité à exprimer à la fois le son, la forme et le sens ; par la puissance de sa diffusion à travers le temps et l’espace ; parce qu’elle est la seule, enfin, de toutes les plus anciennes écritures à être encore utilisée de nos jours. L’écriture est la matrice de la civilisation chinoise, le vecteur de sa culture, le ciment de la nation.

Nous allons étudier ici l’apparition de cette écriture, sous la dynastie Shang, qui parmi celles en usage aujourd’hui, est la seule qui ait traversé autant de millénaires. Nous nous intéresserons dans un premiers temps à ses origines, à travers une brève étude du contexte historique et l’étude du mythe lié à sa naissance. Nous nous pencherons ensuite plus particulièrement sur les inscriptions oraculaires, sur os et sur bronzes, les jiaguwen et les jinwen, qui furent les premiers supports cette écriture. Enfin, nous nous pencherons brièvement sur la structure et la composition de cette première graphie.

Il s’agit déjà d’un système pictographique cohérent, bien que les graphies ne soient pas encore stabilisées. Dans un corps de 40 000 documents du 14ème au 11ème siècle avant Jésus-Christ, on a relevé un lexique déjà riche de 4 672 graphies.

Les plus anciennes traces ont été découvertes sur des os ou sur l’écaille de tortue, gravées à la pointe, les jiaguwen. Datées à partir du 14ème siècle avant notre ère, ces inscriptions concernent des oracles et témoignent de la relation fondamentale de la divination et la naissance de l’écriture chinoise. D’autres inscriptions, les jinwen, fondues dans le bronze des vases rituels, permettent de suivre l’évolution du 12ème au 3ème siècle : on observe un grand nombre de variantes