L'après guerre
La modernisation économique du pays fut cependant payée par d'énormes exigences de travail imposées ou consenties. Des enthousiasmes authentiques coexistèrent avec les pressions, les contraintes ou les résistances au moins passives. Si certaines catégories sociales bénéficièrent des progrès obtenus, telles que la nomenklatura ou les stakhanovistes, la majorité de la population vit le rêve de construction de la société « juste et sans classes sociales » dans un climat de privations et d'inégalités qui s'aggravent. Dans certaines régions, les famines déciment plusieurs millions de paysans.
La mutation de la société fut accompagnée d'une politique de répressions massives, inaugurée par une chasse aux paysans récalcitrants qualifiés de koulaks ou aux opposants politiques, et graduellement étendue à la totalité du corps social. Minorités nationales, cadres du parti ou simples particuliers étaient tous potentiellement exposés, chaque citoyen pouvant brusquement se retrouver rangé au rang des prétendus « ennemis du peuple », « saboteurs » et autres « espions de l'impérialisme » ou encore « cosmopolites sans racine ». Payée de millions de victimes, mais soigneusement dissimulée par le régime, dans un contexte d'endoctrinement total, cette politique ouvre une longue période de terreur et de délation, marquée notamment par les Grandes Purges et par