L'argent et la violance
Objet composite, et tributaire, non seulement de son rôle de mesure neutre, mais de la vision qu’on en a, l’argent n’a jamais manqué de traduire et d’exprimer certains penchants humains, tels que l’égoïsme, ou encore l’agressivité. Jérôme Monod tire au clair cette caractéristique de l’argent, lorsqu’il affirme, dans son livre Les Vagues du temps : «L’argent est intimement lié à la violence». L’emploi de la forme passive, ainsi que de l’auxiliaire être, au présent gnomique, souligne que le lien entre l’argent et la violence est loin d’être momentané ou accidentel, mais il est bel et bien intrinsèque et pérenne, comme le souligne justement l’adverbe intimement. S’il est difficile d’attribuer à l’argent, en soi, la qualité de la violence, comme le laisse entendre le choix de la forme passive, qui suppose un complément d’agent, pouvant s’identifier à l’homme, il n’est pas dénué de sens, en revanche, de le percevoir comme un facteur, qui ne cesse pas d’inciter à la violence. Cependant, avoir l’argent, s’en servir, pouvoir le préserver, ou l’augmenter, ne nécessite pas seulement la bonne volonté, qui peut se décliner en tel ou tel acte de violence, mais également tout un art d’acquisition, qui révèle l’aptitude de l’homme à mieux utiliser cet art, dans le cadre de l’échange, ou même l’émulation. N’est-il pas alors légitime de considérer l’argent comme un outil, destiné à se substituer à la violence humaine ?L’examen deL’Avare de Molière, L’Argent de Zola, et La Philosophie de l’argent (chapitre 3, sections 1 & 2) de Simmel, nous permettra d’appréhender d’abord l’argent de la violence; et d’examiner ensuite la violence de l’argent; avant de voir comment l’argent se substitue à la violence. L’argent est le résultat de la violence humaine, qui se décline en un agir économique « criminel », mais également en une conduite sociale mensongère. L’acquisition de l’argent est le résultat du recours à la violence, puisque