L'argument par l'exemple
Charles Perelman et L. Olbrechts-Tyteca PUF 1958 INTRODUCTION 1 P 1 : « La publication d'un traité consacré à l'argumentation et son rattachement à une vieille tradition, celle de la rhétorique et de la dialectique grecques, constituent une rupture avec une conception de la raison et du raisonnement, issue de Descartes, qui a marqué de son sceau la philosophie occidentale des trois derniers siècles (1). » (1) Cf. Ch. Perelman, Raison éternelle, raison historique, Actes du VII Congrès des Sociétés de Philosophie de langue française, Paris, 1952, pp. 347-354. - Voir la fin du volume II les références bibliographiques précises relatives aux ouvrages cités. Pour la commodité du lecteur, les textes en langue étrangère sont donnés en traduction. Celle-ci a été faite par nos soins, sauf lorsque nous indiquons la traduction utilisée. P 1-2 : « En effet, alors qu'il ne viendra à l'esprit de personne de nier que le pouvoir de délibérer et d'argumenter ne soit un signe distinctif de l'être raisonnable, l'étude des moyens de preuve utilisés pour obtenir l'adhésion, a été complètement négligée depuis trois siècles par les logiciens et les théoriciens de la connaissance. Ce fait est dû à ce qu'il y a de non contraignant dans les arguments qui viennent à l'appui d'une thèse. La nature même de la délibération et de l'argumentation s'oppose à la nécessité et à l'évidence car on ne délibère pas là où la solution est nécessaire et l'on n'argumente pas contre l'évidence. Le domaine de l'argumentation est celui du vraisemblable, du plausible, du probable, dans la mesure où ce dernier échappe aux certitudes du calcul. Or la conception nettement exprimée par Descartes dans la première partie du Discours de la Méthode était de tenir « presque pour faux tout ce qui n'était que vraisemblable ». C'est lui qui, faisant de l'évidence la marque de la raison, n'a voulu considérer comme rationnelles que les démonstrations qui, à partir d'idées claires et distinctes,