Introduction Il est difficile de définir l’œuvre d’art. En effet, la diversité des œuvres, de leurs fonctions éventuelles dans la société, des intentions de leurs auteurs, de leurs matériaux, de leur style fait qu’on ne dispose pas de critères objectifs universels évidents pour juger qu’une œuvre est artistique. Même les effets produits par ces œuvres sont très divers. Ces effets à partir desquels on tend à juger une œuvre d’art ne sont d’ailleurs pas exclusifs de l’art : ce peut être l’émotion suscitée par une œuvre qualifiée de romantique, ce peut être la réflexion à laquelle invite l’art conceptuel. Par ailleurs, l’autonomie de l’art par rapport à d’autres formes de production comme l’artisanat est récente. Pourtant l’art ne semble pas pouvoir se réduire à une simple technique que pourtant il suppose, ni même à une simple habileté que l’artiste partage avec l’artisan. Enfin les goûts en matière d’art sont très divers et la sensibilité esthétique nécessite parfois une éducation soit à des courants artistiques, soit à se débarrasser de préjugés en matière esthétique, soit à une certaine culture pour pouvoir comprendre le sens de certaines œuvres ou du moins en apprécier toute la richesse. Alors, qu’est-ce qui distingue la production simplement technique de la production artistique ? Qu’est-ce qui distingue une œuvre d’art d’un chef d’œuvre ? Sur quoi se fonde le jugement esthétique ou jugement de goût ? I. Art et technique. Au-delà de l’utilité. Dans la production artisanale, le produit a toujours une fonction utilitaire que toutes les œuvres d’art ne possèdent pas, du moins depuis quelques siècles. Pourtant beaucoup d’œuvres d’art ont été créées dans un but utilitaire. Par exemple, les totems africains, les peintures de l’Egypte antique, les chants destinés à transmettre des messages religieux ou à supporter une prière avaient une fonction religieuse ou sociale et ont été créés dans ce but. Certes à travers ces œuvres leurs auteurs