L'asocial
L’Asocial
Dès les premières pages du Rouge et du Noir, Stendhal dévoile son personnage principal, Julien Sorel, assis sur le toit de la scierie de son père. Celui-ci, contrairement à ses frères massifs et illettrés, est frêle et ne travaille pas. Ainsi, si la scierie et ses rouages représentent assurément la société, Julien, lui en est en dehors : son comportement est Asocial. Toutefois, si Julien ne se conforme nullement aux normes sociales, il ne vit pas hors de la société et parvient même, au cours du roman, à réaliser une véritable ascension sociale. Ainsi, si le préfixe « a » laisse à penser que l’Asocial désigne ce qui est hors de la société, il ne faut pas oublier que l’Asocial ne peut exister que dans la société car l’Homme est animal social. Dès lors, le terme asocial n’est-il donc pas oxymorique ? Un Homme ne peut-il pas être à la fois à l’intérieure et à l’extérieure de la société ?
L’Homme, « animal social », n’a-t-il pas une part d’Asocial en lui ?
A la fin du roman, Julien Sorel commet un crime passionnel qui le conduit à la potence à la fin du roman. Ainsi, si Julien apprend les rouages de la société, il garde en lui une part d’Asocial, quelque chose d’hors-norme, qui se manifeste par ses passions.
Y-a-t-il une part d’Asocial en chaque homme ? L’Asocial n’est-il donc pas une menace pour la cohésion de la société ? Par son extériorité à la société, l’Asocial n’est-il pas le moteur de tout progrès et de toute création ? Si la société est le mode de vie du genre humain, un Homme peut-il être Asocial ?
Vivre hors de la Société, est-ce rester Homme ?
A cet égard, le rapport du Dr Itard au sujet de l’enfant sauvage Victor de l’Aveyron est évocateur. En effet, ayant été abandonné très tôt dans sa jeunesse, Victor n’a pas vécu au contact de la société humaine durant l’ensemble de son enfance. Ainsi, Victor semble être donc l’archétype de l’Asocial car ayant vécu littéralement hors de la société. Toutefois,