L'assomoir de zola
D’après le Robert, un assommoir est initialement un bâton, garni de plomb à une extrémité, dont se servaient les chasseurs pour tuer les animaux à fourrure sans l’endommager. Il pouvait servir d’arme de guerre. Le mot désigne également un piège destiné à assommer renards, blaireaux et autres bêtes.
L'assommoir a donc une valeur métaphorique. C'est un piège qui va se refermer sur Gervaise et la tuer. Dès son titre, le livre inscrit la mort au programme. L'assommoir est redoublé à la fin du chapitre par la présence de l'abattoir (qui forme, avec l'hôpital, les limites du quartier où Gervaise sent que son destin va s'inscrire). Le titre dit la violence qui est au cœur de cette société. Le piège utilisé pour tuer les animaux annonce le genre : un drame. L'alcool, appât du piège. L'Assommoir est emblématique de tous les assommoirs. Zola désigne l'ennemi.
C’est aussi un débit de boissons de dernière catégorie, ce terme fait également penser au verbe assommer qui signifie frapper d’un coup qui renverse, étourdit ou qui tue.
Le corps réel et le corps social sont convoqués par le mot assommoir : l'ouvrier qui est assommé et la société qui assomme. D'ailleurs, dès la seconde phrase du livre, « on voit le corps de Gervaise, littéralement assommé par la fatigue ».
L’alcool assomme les hommes, il les mène à un univers menaçant, agressif, mangé par la boue.
L'Assommoir est bien sûr le nom du bistrot du Père Colombe, mais c'est d'abord un des nombreux mots argotiques (de l’argot) des ouvriers désignant un cabaret où l’on sert des alcools forts (l’eau-de-vie) souvent frelatés comme le cric, le vitriol, l'alambic, le jaune,