L'avarice et le prodigue
« L'illusion des avares est de prendre l'or et l'argent pour des biens, au lieu que ce ne sont que des moyens pour en avoir. » (Pierre d'Ailly)
L'avare est un peu comme l'amoureux transi qui ne se déclarera jamais, parce qu'il peut toujours rêver la réciproque, alors que s'il se déclare et que la réponse est non, tout son fantasme s'écroulera. Evidemment, du coup, l'un comme l'autre restent "transis", paralysés, prisonniers de leur désir inassouvi. Le passage à l'acte les délivrerait, même en négatif, même s'il y a déception, ils recouvreraient leur liberté.
Rétention : Freud avait décelé cet aspect anal. L'avare, constipé de nature, garde plus qu'il ne donne. Enfant, il refusait à sa mère le cadeau de son caca. Ce qui n'exclut pas la jouissance (perverse). (Les rapports symboliques entre l'or et la matière fécale sont très profonds, ils sont au cœur de la démarche alchimique.)
On peut parler aussi d'une forme de fétichisme, aussi bien au sens amoureux que mystique : l'avare est amoureux de sa cassette, adore son or, son argent-dieu. Plus abstraitement il adore avoir : la possession en elle-même, le fait de posséder. En ce sens, il n'est pas un "matérialiste".
(Affiche pour le Nouveau Théâtre
Montpellier 1988)
« Collectionner, collectionner ! je veux bien. Mais collectionner quoi ? Vous connaissez Georges ? Il collectionne les billets de cinq cents francs. Je trouve ça idiot.
— Ça, je lui ai dit. Voilà une collection qui lui coûte les yeux de la tête, n'est-ce pas…
— Et puis c'est idiot. Je l'ai vue, sa collection de billets de cinq cents francs : ils sont tous pareils. Il en a plein une grosse malle, je vous demande un peu ! Où est l'intérêt ?
— C'est ce que je lui ai dit