L'avenir du liberalisme
Pour nombre de commentateurs, les milliers de milliards de dollars et d'euros mis sur la table par les Etats et les banques centrales pour sauver le système financier mondial, les nationalisations partielles ou totales de banques, les appels à un "nouveau Bretton Woods" et les plans de relance budgétaire tous azimuts ont signé l'arrêt de mort du libéralisme économique.
C'est peut-être aller un peu vite en besogne. Oui, une bataille diplomatico-économique est engagée depuis la fin 2008 entre les Etats, ainsi qu'entre ces derniers et les financiers privés, autour de la régulation de la finance. Mais rien ne permet encore d'en connaître l'issue. Au-delà des discours politiques de circonstance, on ne pourra juger de la reprise en main ou non de la finance que dans plusieurs mois, une fois le contenu des éventuelles nouvelles réglementations connues. Il faudra ensuite observer la façon concrète dont ce contenu sera mis en oeuvre. On saura alors si la crise financière démarrée en août 2007 aura fait comprendre aux Etats l'ampleur des menaces que fait peser une finance non régulée sur la bonne marche de leurs économies. Et ce n'est qu'à ce moment-là que l'on pourra apprécier le rôle qu'auront joué les dérapages récents de la finance dans la crise du libéralisme économique.
Car crise du libéralisme il y a bien. Et pour être à même de saisir l'enjeu de ce qui se joue dans la finance en ce moment et qui se jouera dans les mois à venir, il faut remettre en perspective les déboires d'une idéologie - au sens de représentation du monde - hier largement dominante et mal-en-point depuis quelques années (1).
La crise des subprimes, notamment dans sa phase d'hystérie boursière et de gel des marchés de capitaux entre la mi-septembre et la mi-octobre 2008, n'est que le dernier exemple soulignant à l'extrême les errements de la finance pourtant censée représenter le cas d'école d'une déréglementation réussie. Cette crise a apporté in vivo la démonstration