L'ecologie
Alain de Benoist
C'est en 1859 que le naturaliste allemand Ernst Haeckel a inventé le terme d'« écologie » pour désigner la science des relations entre les organismes vivants et leur univers « domestique » (grec oikos), c'est-à-dire leur milieu naturel. L'expression d'« écologie humaine », elle, remonte à 1910. La notion d'« écosystème » a été créée en 1935 par l'Anglais Tansley. En 1953, dans leurs Fundamentals of Ecology, les frères Odum donneront aux écosystèmes le rang d'organismes vivants, ouvrant ainsi des perspectives nouvelles à la science.
En tant que préoccupation politique et sociologique, l'écologie apparaît beaucoup plus tardivement, encore qu'on la trouve exprimée dès 1926 chez le biologiste
Vernadsky. Dans les pays anglo-saxons, l'un de ses pionniers, George Stapleton, écrivit son livre Human Ecology entre 1946 et 1948, mais il rencontra si peu d'intérêt autour de lui qu'il en laissa le manuscrit dans ses tiroirs, où il resta jusqu'à sa mort en
19601. Il faut en fait attendre les années soixante pour voir l'écologisme connaître son premier essor avec les livres de Gunther Schwab en Allemagne, de Barry
Commoner, Barbara Ward, Evelyn G. Hutchinson et Rachel Carson aux Etats-Unis2.
En France, un ministère de l'Environnement est créé en 1971. L'année suivante, le célèbre rapport du Club de Rome sur les « limites de la croissance » (Limits to growth) et l'épuisement des ressources énergétiques déclenche des polémiques mémorables. Dans les années soixante-dix, avec les crises pétrolières qui semblent sonner le glas de la croissance à rythme continu et du plein emploi, la « protection de l'environnement »3 devient véritablement à l'ordre du jour, tandis qu'on assiste dans la plupart des pays occidentaux à l'émergence des partis « verts », des comités de citoyens et des « nouveaux mouvements sociaux »4.
L'ampleur de la préoccupation écologiste est évidemment proportionnelle au constat des dommages infligés au milieu