L'engagement des jeunes
Il y a dans le discours que tient notre société autour de l’engagement des jeunes un véritable paradoxe. D’un côté, le discours sur les jeunes qui ne veulent plus militer, qui ne s’engagent plus, qui refusent de prendre des responsabilités dans les associations, de l’autre, incontestablement une forte mobilisation des jeunes autour des sujets les plus variés, des JMJ [1] au mouvement altermondialiste [2] pour ne retenir que les deux formes les plus spectaculaires ces dernières années. C’est à la déconstruction de ce paradoxe que nous voudrions ici nous attacher.
Aujourd’hui, les jeunes s’engagent, mais autrement. Cette donnée nouvelle reste difficile à saisir, notamment parce que nous restons très largement prisonniers d’une conception de l’engagement qui privilégie, voire réduit, l’engagement à l’engagement politique et, de façon déjà plus accessoire, à l’engagement syndical et associatif au détriment d’autres formes d’engagement. Rappelons pour mémoire que s’engager, c’est se lier par une promesse ou une convention, et, qu’avant de s’engager en politique, on s’engageait dans l’armée... ou dans les ordres. Le mariage lui-même était considéré comme un engagement. On notera que cette confusion, généralisée en France, entre engagement politique et engagement en général, sur lequel nous ne portons par ailleurs aucun jugement de valeur, n’est pas valable dans d’autres pays et en particulier dans les pays anglo-saxons qui accordent une grande place au bénévolat, soit, au sens étymologique du terme, la recherche du bien commun. On pourrait au passage émettre comme hypothèse que précisément cette surdétermination [3] de la référence politique en France est la conséquence de notre organisation républicaine qui privilégie dans la recherche du bien commun le rôle de l’État.
Après avoir rendu compte de façon plus précise de la fin d’un certain type de militantisme, nous nous attacherons à décrire les formes nouvelles d’engagement des