«Ce ne sont pas les fils qui perpétuent la mémoire des pères, ce sont les bonnes actions et les bonnes mœurs. ». Cette citation, très certainement apocryphe, est doublement pertinente pour l’extrait qui est soumis à notre analyse : En effet, elle a le mérite de soulever deux problèmes liés à ce fragment, le premier étant la solidité du crédit que l’on peut accorder à la légende qui entoure le personnage d’Alexandre III ; le second étant les motivations réelles de la magnanimité du conquérant.

Cette magnanimité est ici décrite dans un extrait de l’Anabase d’Arrien (v.95-v.175historien romain). Arrien est considéré comme fiable dans ses données factuelles, car il dispose de sources de qualités (éphémérides, Ptolémée en particulier ou Aristobule) et que par sa formation, politique et militaire, il est apte à comprendre les subtilités des opérations et les impératifs guidant la politique, contrairement à des Diodore, Quinte-Curce, Plutarque qui leur sont comparativement étrangères et privilégient par conséquent le pathos et la forme.

Cependant, le contexte d’écriture est à interroger : le Pariciat romain païen étant relativement ouvert aux autres cultes (capacité à incorporer des divinités étrangères), on peut imaginer que l’historien Arrien soit pleinement imprégné de ces valeurs tolérantes. Serait-il envisageable de s’interroger sur le fait qu’il aurait pu orienter son récit de telle manière à se servir de la figure emblématique d’Alexandre afin d’asseoir cette poursuite d’un éventuel élan tolérant envers les autres religions. Et ce en mettant en scène un Alexandre libérateur volontiers accueilli par le peuple de Babylone ce qui augmente le prestige de cet homme tolérant flirtant volontiers avec les divinités .peut-être susurrer à l’oreille d’Adrien les valeurs à suivre pour un empereur.

À peine âgé de vingt ans quand il monta sur le trône, passionné pour une gloire inconnue, le jeune Alexandre commence à exécuter le plan qui avait coûté