L'envers gitan du décor urbain
L’« intrusion professionnelle » d’une sociologueanthropologue dans l’envers gitan du décor urbain
CÉCILE MIQUEL
p. 115-125
Texte intégral
Texte intégral en libre accès disponible depuis le 19 avril 2007.
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Pour un grand nombre de Barcelonais, le quartier de La Mina est le lieu où sont exhibées toutes les phobies de la société : précarité, délinquance, psychotropes, maladies, logements décrépis ; tout y est synonyme de « déchéance humaine ». Les peurs sont projetées sur ce seul espace et l’on affirme qu’il serait dangereux de s’y aventurer. Perçu comme repaire des Gitans, ce lieu centralise dans l’imaginaire social toutes les corruptions rencontrées à Barcelone. Intriguée par une telle rumeur, je suis partie à la rencontre des habitants de La Mina. Je désirais connaître un groupe de femmes gitanes qui venait de publier un livre de cuisine élaboré dans le cadre d’un atelier organisé par le « Centro Cultural Gitano del barrio de La Mina » (Perona et alii, 1996). Ce ne sera qu’après plusieurs mois de recherche passés au sein de cette association que je pourrai découvrir l’envers du décor et rencontrer des personnes qui s’ouvraient aux autres et se révélaient porteuses d’initiatives. C’est avec le souci de mettre en lumière cette réalité que je restituerai le cheminement parcouru au sein d’une communauté Gitane. Je commencerai par cerner ce quartier afin de le situer dans son contexte d’isolement urbain particulier. Une deuxième partie sera consacrée à l’inscription d’une communauté andalouse gitane dans cet espace. Dans un troisième temps, j’aborderai la question de mon implication sur le terrain. Nous verrons ainsi que cette communauté délaissée dans le quartier de La Mina, considérée comme définitivement étrangère et incapable, nous ouvre ses portes pour modifier notre perception habituelle de l’altérité.