L'esprit des lois, 1748
Introduction :
« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. Il faut donc que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
Cette courte citation extraite de « De l’esprit des lois » (1748), résume à elle seule la pensée de son auteur, Charles de Secondat, baron de La Brède dit Montesquieu, philosophe français des Lumières et pionnier du libéralisme en politique. La théorie de Montesquieu est principalement inspirée des expériences anglaises de ce dernier. Pour lui, la concentration des trois pouvoirs, entre les mains d’un seul conduit inévitablement au despotisme. Pour qu’enfin, le « pouvoir arrête le pouvoir », Montesquieu énonce sa célèbre théorie de l’équilibre des pouvoirs, préconisant une séparation organique mais non fonctionnelle de ceux-ci. Le partage des pouvoirs devant selon lui conduire à l’établissement d’un gouvernement modéré. L’extrait suivant du chapitre 6, Livre XI de « De l’esprit des lois » prépare donc à l’énoncé de la fameuse théorie de l’équilibre des pouvoirs. Comment Montesquieu s’y prend-il pour poser les bases du message qui le fera rentrer dans la postérité comme l’un des pères fondateurs de la science politique moderne ? Dans un premier temps, nous verrons que Montesquieu est tout d’abord un penseur de l’équilibre. Le philosophe applique ici un raisonnement modéré qui lui permet de poser les bases de sa célèbre théorie de l’équilibre des pouvoirs. Dans un deuxième temps, nous verrons que, Montesquieu est également l’un des pourfendeurs de la tyrannie et du despotisme, et les conséquences d’un déséquilibre des pouvoirs, qu’il s’évertue à nous montrer dans son texte, sont la conséquence d’un déséquilibre de la pensée.
I) La théorie de l'équilibre des pouvoirs selon Montesquieu.
Avant, d'exposer sa théorie de l'équilibre des pouvoirs, Montesquieu fait la distinction entre les trois pouvoirs, qui sont « la puissance de faire les lois » (le pouvoir législatif),