L'esprit qui ne sait plus douter descend-il en dessous de l'esprit?
« L'esprit qui ne sait plus douter descend-il en dessous de l'esprit? »
Cette reformulation d'Alain comme quoi l'esprit qui ne sait plus douter descendrait en dessous de l'esprit présuppose que par essence même le doute est une condition du développement et de l'enrichissement de l'esprit libre. Cette problématique nous invite à croire que le doute est le moyen d'élévation de l'esprit. Cependant l'on peut se demander de quel doute y est à propos? Apprend t-on à douter ou sait-on douter de nature? De plus, nous admettons ici que le doute est à l'homme, en est-il vraiment le cas? Autrement dit que, si un homme qui ne doute plus est-il toujours un homme? Ou bien est-il relégué au rang d'animal comme le laisse entendre Alain? Enfin, si l'esprit est amené à douter, sur quoi et de quelle manière le peut-il?
Dans un langage commun, douter c'est remettre en cause et se questionnait sur ce que l'on croyait vrai ou réel. C'est à dire que le doute est parce que l'on s'est rendu compte que l'on pensait faux, que l'idée considérée comme acquise se trouvait en fait erronée. Il peut très bien s'agir d'une reconsidération d'une idée que l'on tente de nous imposer. La plupart de nos connaissances nous sont inculquées de sorte que, pour les plus fondatrices, les plus constitutives de la culture commune nous les acceptons, au départ presque sans condition. Elles pourront ensuite par l'expérience ou une recherche philosophique poussée être discutées. On remarque qu'au cours des siècles, la connaissance vraie s'est longtemps vu confrontée aux différentes croyances et superstitions qui tenaient alors de culture commune et, tenaient sous cloche les esprits. Quelques penseurs et scientifiques qui émettaient de nouvelles thèses ou bousculaient les idées admises étaient alors menacés car ils visaient à semer le doute, à penser autrement, à « tourner la tête » des images comme le développe Platon dans son allégorie de la caverne. L'esprit est alors