L'etat de nature n'est-il qu'un mythe ?
2215 mots
9 pages
« Pour faire fonctionner selon la pure théorie les droits et les lois, les juristes se mettaient imaginairement dans l’état de nature ; pour voir fonctionner les disciplines parfaites, les gouvernants rêvaient de l’état de peste » nous renseigne Michel Foucault dans "Surveiller et punir". Par nature on entend, au sens courant, le monde sensible, le milieu où vit l’homme. L'état de nature, c'est l'absence de règles : les hommes possèdent des droits naturels (droit de se nourrir, de se défendre contre autrui, etc.) et une liberté naturelle (caractérisée par une absence de contraintes externes). La question que nous pourrions nous poser, dans notre monde civilisé, c'est que représente l'état de nature, alors même que nous en sommes de nos jours totalement détachés ? Est-ce un état auquel nous devrions revenir, puisqu'il est un état de totale liberté, l'état originel de l'humanité, celui que la création voulut ? Ou est-ce quelque chose de tout à fait abstrait et secondaire ? Quel rôle a joué et joue l'état de nature dans la construction de l'homme et de l'humanité ? Le débat est large, mais en somme :
L'état de nature ne s'apparente t-il qu'à un mythe ?
1. L'Etat de nature est secondaire et éphémère : il s'apparente très vite au mythe
Aritote nous dit que l'homme est un « animal politique » autrement dit, il est naturellement social : il ne peut donc exister d'état de nature dans lequel l'homme vivrait isolément, coupé de toute société. Au Moyen Âge, Saint Thomas d'Aquin reprend cette conception aristotélicienne : l'homme est naturellement social. Un homme non socialisé selon Aristote, ne peut-être qu’un homme déshumanisé. Même les auteurs tels que Hobbes et Rousseau reconnaissaient que l’état de nature était essentiellement un concept théorique désignant ce que pourrait être l’état des hommes s’ils n’étaient pas régis par des lois. L'Etat de nature s'apparente donc pour certains très vite au mythe.
Thomas Hobbes : L'Etat de nature ne peut perdurer