L'etat et la commémoration
Le président Nicolas Sarkozy a annoncé ce vendredi lors des cérémonies à l'Arc de Triomphe le dépôt dans les prochaines semaines d'un projet de loi faisant du 11 novembre « la date de commémoration de la Grande Guerre et de tous les morts pour la France ». Ce projet met la commémoration au cœur de l’actualité. Comme l'a définit Ernest Renan, une des composantes principales de la Nation est l'histoire, le passé commun. Réfléchir sur notre histoire, vouloir ériger un devoir de mémoire pour certains faits et célébrer des commémorations, c'est s'interroger sur notre passé, qui est l'élément constitutif de notre identité nationale. La commémoration vient du latin « cum » qui signifie avec et mémoria qui est la mémoire. C’est une cérémonie officielle organisée pour conserver la conscience nationale d'un évènement de l'histoire collective et servir d'exemple et de modèle. Elle engage donc tout l'État, la personne morale de droit public qui représente le people. Les hauts fonctionnaires doivent assister aux commémorations et doivent rassembler les citoyens afin de conforter la mémoire collective. Etat et commémoration semblent donc étroitement liés. Il est alors intéressant de se demander quelle position adopte l’Etat par rapport à la commémoration. Nous montrerons tout d’abord que la commémoration organisée par l’Etat est nécessaire puis nous verrons que parfois l’Etat émet des réserves quant à celle-ci. I. La commémoration organisée par l’Etat est nécessaire A. La commémoration est essentielle pour rappeler ou maintenir le souvenir Maintenir le souvenir est indispensable. La commémoration existe pour faire face au risque d’oubli car elle met à la portée de tous, la connaissance d’un événement passé dont on veut se souvenir. Ce processus a été particulièrement important en France à partir de 1995, date de reconnaissance officielle de l’implication de l’Etat français dans le génocide. Tout d’abord, il y a eu la volonté, par les acteurs eux-mêmes