L'etranger
* IL n’est pas inutile de rappeler l’étymologie du nom du personnage. Camus avait d’abord songé au patronyme de – qu’il dut juger trop symbolique – pour retenir finalement « Meursault ». A peine moins allusif, ce choix a le mérite de mettre en évidence et en parallèle la double portée du roman et d’en rappeler la composition. Le héros de L’Etranger a, en effet, pour caractéristique principale de se définir comme un être authentiquement naturel dont la vie instinctive et sensuelle le conduit, sous l’effet du soleil, au meurtre. Dès lors, cet homme « naturel » et « innocent » se retrouve jugé par une société dont les valeurs et les critères d’appréciation ne sont pas les siens.
* On concèdera bien volontiers que son absence de toute émotion apparente lors de la mort et de l’enterrement de sa mère peut, après tout, être perçue comme une forme de pudeur. On rappellera, de même, qu’il appelle sa mère « Maman » - signe d'affection - et non « Ma mère » et que la remarque qu’il fait lorsqu’il entend Salamano sangloter pour la disparition de son chien (« Et au bizarre petit bruit qui a traversé la cloison, j’ai compris qu’il pleurait. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à maman. ») montre sa sensibilité. Mais il est vrai que la suite du roman, qui s’attache à multiplier les notations les plus insignifiantes, laisse le lecteur perplexe : quel étrange personnage que ce Meursault…
* Par son goût profond des joies physiques que sont, par exemple, les bains de mer avec Marie, longuement détaillés, ou encore l’insistance à célébrer les plaisirs de l’amour avec la même Marie, Meursault marque son attirance pour une vie naturelle fondée, apparemment, sur les sensations physiques souvent mentionnées dans le roman. Un