L'histoire de l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises
En France
L'abolition révolutionnaire
Brissot créa en 1788 la Société des amis des Noirs dont l'objectif affirmé était l'interdiction de la traite négrière. Condorcet (Réflexions sur l'esclavage des nègres) réclama un moratoire d'une durée de 70 ans entre la fin de l'esclavage et l'accession des affranchis au statut de citoyen[70]. Malgré les efforts de ses membres éminents, comme l'abbé Grégoire, la Société des amis des Noirs ne put obtenir l'abolition de l'esclavage auprès de l'Assemblée constituante : c'est au cours de ces débats que le député Barnave s'exclama « le nègre ne peut croire qu'il est l'égal du blanc »[71].
Le 4 avril 1792, l'Assemblée nationale décida d'accorder la pleine citoyenneté à tous les libres de couleur[71]. Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Convention abolit l'esclavage[72] en avalisant et généralisant la décision unilatérale du commissaire de la Convention à Saint-Domingue, Léger-Félicité Sonthonax, prise le 12 fructidor an I (29 août 1793).
Cette abolition, certes dictée par un humanisme hérité des Lumières, avait aussi comme objet de ramener le calme à Saint-Domingue dans un contexte de pression militaire britannique sur les possessions françaises des Caraïbes[73]. Les esclaves affranchis disposèrent dès lors de la citoyenneté française[73].