L'homme est un loup pour l'homme
Si c’était un instinct bienveillant, l’être humain devrait rechercher l’être humain en tant que tel, et ne faire aucune différence entre ses semblables. Ce qui se fait instinctivement a lieu sans calcul ni discernement ; on devrait donc se plaire en la compagnie du premier venu au lieu de préférer ceux qui nous sont utiles ou qui nous estiment. Ce qui n’est évidemment pas ce qu’on observe.
On voit au contraire les hommes se retrouver par le besoin qu’ils ont les uns des autres. Ainsi du commerce et des négociations. Ils se rassemblent aussi pour se divertir, et satisfaire leur amour-propre. Remarquez en effet comme on se plaît à ce qui fait rire : quel entrain pour souligner les ridicules et les travers des gens ! Comme on égratigne les absents, comme on blâme leurs paroles et leurs actes ! Et c’est ainsi que nous faisons ressortir nos belles qualités. Que d’ennui sinon… Se réunit-on pour philosopher entre gens cultivés ? Autant de présents, autant de savants. Chacun se fait fort d’instruire les autres et se glorifie d’en savoir plus tout en craignant de paraître ignorant.
Ce qui assemble les hommes pour Hobbes, c’est donc la nécessité et le désir de briller, nullement la bienveillance. Loin de s’accorder naturellement, ils se cherchent et se craignent à la