L'homme est visiblement fait pour penser
- Salut! Puis, le premier cours de philo; comment as-tu trouvé le sujet?
- Je ne sais trop! Il m’a semblé y avoir des choses pertinentes, peut-être même des choses très importantes mais, en vérité, je ne sais pas si j’ai vraiment compris. Je ne m’étais jamais vraiment arrêté pour réfléchir à ces sujets avec un peu plus de profondeur. De plus, je n’ai pas trouvé le texte que le professeur nous a fait lire très évident.
- Ha? Tu trouves? Je l’ai trouvé assez simple et assez clair, moi : « L’homme est visiblement fait pour penser; c' toute sa dignité et tout son mérite; et tout son devoir est de penser est comme il faut. Or l' ordre de la pensée est de commencer par soi, et par son auteur et sa fin. Or à quoi pense le monde? Jamais à cela; mais à danser, à jouer du luth, à chanter, à faire des vers, à courir la bague, etc., à se battre, à se faire roi sans penser à ce que c' qu' est être roi, et qu’être homme1. »
- Hein? Tu l’as appris par cœur? Méchant bollé! Apprends-tu par cœur tout ce que les profs disent?
- Je ne l’ai pas appris par cœur … je m’en souviens. De toute façon, je ne vois pas ce qu’il y a de mal à mémoriser de beaux textes. Il y a vraiment matière à réflexion dans cette pensée de Pascal.
- Beau texte! Beau texte! Je veux bien, mais trouves-tu cela évident, toi, que l’homme soit « visiblement » fait pour penser? S’agit-il d’une évidence pour tout le monde?
- Je pense que oui! Nous en faisons tous l’expérience interne, non?
- Je veux bien, mais alors nous pourrions en dire autant de tout ce dont nous avons l’expérience interne : l’homme est visiblement fait pour dormir, pour avoir froid, pour souffrir, pour manger, etc. Cette « pensée » n’est-elle rien qu’un truisme?
- Ne sois pas trop simpliste, mon ami! L’évidence sur laquelle Pascal veut que nous portions notre regard ne concerne peut-être pas le fait que nous pensions. Si c’est tout ce qu’il voulait dire, je te concède qu’on serait près de la banalité. Je pense qu’il