l'homme a t il besoin d'art?
« - Alors Jeanne ! Raconte-nous ! Vite ! Comment ça s'est passé ? De quelle manière avez-vous chassé ces chiens d'aristocrates ? », lança le père qui avait du mal à contenir sa joie.
- « Doucement ! dit-elle. Je vais tout vous raconter de cette journée. Au début de l'après-midi, nous nous dirigeâmes vers le Palais, telle une armée inébranlable, bien décidés à mettre un terme à notre asservissement. Tout Paris s'était donné rendez-vous pour ce jour ! Il y avait des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, des têtes nues, casquées, recouvertes de notre bonnet rouge, et même des hommes armés de baïonnettes. A la vue des Tuileries, nous chantâmes la Marseillaise à nous en déchirer les cordes vocales. Notre hymne fut poussé par des centaines et des centaines de bouches avec toute la force des brimés ! Comme un seul homme, nous entrâmes et gravîmes l'escalier qui nous menait à la salle du trône. La marée humaine cessa instantanément son chant lorsqu'elle eut atteint son but. Un silence quasi-religieux s'était installé. Un silence qui ne fut interrompu que par une vitre cassée, la chute d'un vase ou quelques craquements des boiseries ... Je découvrais, pour la première fois de mon existence, la salle du trône... Elle était recouverte au plafond d'un dais de couleur sanguine .Tous, les meubles, les glaces, les lustres, transpiraient la richesse. Tant de magnificence provoqua chez moi deux sentiments contradictoires : l'émerveillement,