L'homme
Fataliste, le Sénégalais l’est aussi. Tout en ayant à l’esprit la difficulté de parler du Sénégalais, parce que chaque Sénégalais ayant une vie, un caractère et des croyances particulières, force est, cependant, de constater que le fatalisme est un trait de caractère largement répandu chez la plupart de nos compatriotes. Ici, tout s’explique par le fameux « ndogalu Yalla » (la volonté divine). Que de matière aurait Diderot s’il visitait le Sénégal d’aujourd’hui ! S’il ne s’agit nullement pour nous de nier le Destin -auquel nous croyons foncièrement comme tout bon croyant !- il ne faut pas non plus systématiquement écarter la responsabilité de l’homme. Sinon à quoi bon servirait le jugement dernier pour récompenser ou punir les uns et les autres de leurs actes ?
Mais à la décharge de son personnage (et du Sénégalais ?), Diderot écrit : « C’est que faute de savoir ce qui est écrit là-haut, on ne sait ni ce qu’on veut, ni ce qu’on fait, et qu’on suit sa fantaisie (le Destin pour l’homme sénégalais, Ndlr) qu’on appelle raison, ou sa raison qui n’est souvent qu’une dangereuse fantaisie ».
Fataliste, le Sénégalais l’est. Certes. Mais il en a bien d’autres traits de caractères. Dans un texte d’une profondeur psychologique remarquable, voici l’observation que le psychologue Mamadou Mbodj faisait de l’homme sénégalais lors d’une conférence organisée au lendemain du naufrage du bateau « Le Joola », pour « exorciser le mal qui est en chaque Sénégalais » : « aujourd’hui, le Sénégalais nous apparaît en position