L'humanisme civique
Introduction
Orienté par l’émergence historique de l’humanisme civique, ce module explore les mutations du discours sur la légitimité du pouvoir politique dans le contexte idéologique de la dissociation machiavélienne entre la politique et la morale.
L’émergence de l’humanisme civique
La longue concurrence idéologique entre l’Empire et l’Église a érodé la légitimité des velléités politiques hégémoniques de ces deux institutions en permettant l’affirmation des royaumes chrétiennes autonomes. En canalisant, au profit de la royauté, les rivalités qui opposent les féodaux entre eux ou les villes libres aux féodaux, la monarchie se constitue comme principal modèle politique. En revendiquant la « plénitude de la juridiction », certains monarques tentent de se présenter comme les garants de l’ordre et de la paix sociale. Favorisé par des stratégies d’alliances matrimoniales cohérentes et par la concentration des ressources militaires et fiscales, le royaume chrétien autonome devient progressivement la matrice moderne de la politique. Même si le système républicain coexiste avec la monarchie surtout en Italie, l’évolution historique encouragera le passage des communautés urbaines vers des régimes aristocratiques, les seigneuries. En essayant de séparer la légitimité politique de celle religieuse, les idéologues des monarchies prôneront également la dissociation entre la politique et la morale. Associée généralement à la pensée de Machiavel, l’idée du caractère amoral de la politique sera ultérieurement détournée par les théoriciens de la raison d’État au profit d’une morale patriotique enclavée politiquement. En se présentant comme une communauté politique autonome, le royaume mobilise la morale au profit de sa perpétuation. La dépersonnalisation, la sacralisation et l’abstraction du pouvoir monarchique permettront l’essor de l’État comme acteur souverain de la politique. Avec la diffusion des