L'impertinence du valet à l'égard du maître
« impertinente » (v. 14), ce qui renvoie à un jugement sur son rapport à la parole et aux exigences de la sociabilité. Le valet n’est pas un « honnête homme », qui respecte l’idéal classique de modération et les exigences de la politesse. Mais cette impertinence, qui fait naître le comique et qui signale son rang social inférieur, a aussi une fonction de contestation de l’ordre social établi. La parole du valet est l’occasion d’une remise en question des hiérarchies, qui peuvent souvent, dans les comédies, apparaître comme infondées. Le maître n’est pas toujours un homme sensé. C’est au contraire, bien souvent, un extravagant, dont la comédie dénonce les ridicules. On pourra se demander si le pouvoir dont dispose le valet est exclusivement lié à son éventuelle maîtrise de la parole, ou si le valet dispose d’une certaine capacité à influer sur l’action.
I. Un personnage comique et soumis à son maître. Le valet de comédie est au XVII e siècle un personnage comique, caractérisé par son rapport de dépendance matérielle, voire morale, à son maître. Il doit travailler, servir ce dernier, pour gagner les moyens de sa subsistance. Il est rémunéré pour son travail. Il ne renvoie pas à une réalité sociale précise. Il est essentiellement, dans la comédie, une fonction. Il est un homme du peuple, parfois issu de la paysannerie, et qui en a gardé le langage simple. Il n’est pas toujours caractérisé par la vivacité de son intelligence. Dans L’École des femmes, Alain et Georgette, valets d’Arnolphe, sont des personnages dont le maître ne réussit pas à faire des alliés très fiables. Leur obéissance aux consignes repose sur la peur qu’ils ont de leur maître. Dans Dom Juan, la faiblesse intellectuelle de Sganarelle par rapport à Dom Juan ne lui permet pas de