L'importance du coeur dans la tragédie grecque.
Le cadre historique.
Le choeur, dont l'existence remonte aux origines mêmes des représentations dramatiques, est un élément essentiel de la tragédie grecque, que celle-ci soit issue de rituels funéraires (1), de cultes dionysiaques (2) ou du dithyrambe (3), elle s'est constituée à partir du moment où a été introduit un personnage distinct (le chef de choeur ou coryphée, sans doute l'auteur lui-même), donnant la réplique au choeur par des vers non chantés. C'est à Thespis, dramaturge grec contemporain du tyran Pisistrate, dont les oeuvres théâtrales ont été perdues, qu'est attribuée cette innovation : il aurait ainsi fait représenter la première tragédie vers 535 à Athènes, à l'occasion de la fête des Grandes Dionysies (4). Vers 510 Phrynicos inventa le premier acteur ou protagoniste : masqué comme les choristes, il pouvait jouer plusieurs rôles. Puis, au Vè siècle, Eschyle institua le deuxième acteur ou deutéragoniste, et Sophocle le troisième ou tritagoniste :
" Eschyle le premier porta de un à deux le nombre des acteurs, diminua l'importance du choeur et donna le premier rôle au dialogue ; Sophocle porta le nombre des acteurs à trois et fit peindre la scène ".
Aristote, Poétique, 1449 a, Paris, Les Belles Lettres, 1932, pp. 34-35.
La tragédie atteignit rapidement son apogée. Athènes connaissait alors la période la plus brillante de son histoire : les guerres médiques lui avaient permis d'asseoir son hégémonie sur les autres cités grecques et d'être à la tête de la ligue de Délos (477) ; les réformes politiques de Clisthène et d'Ephialtès avaient contribué à instaurer un régime de démocratie directe ; Périclès (5) avait poursuivi leur action (entre 460 et 429), renforcé la puissance athénienne et il s'était mis à embellir la cité de nombreux temples et monuments. Les Grandes Dionysies attiraient désormais d'immenses foules venues " de tous les horizons où l'on parlait le grec " (Baldry, Le théâtre tragique des