L'incunable qui attendra.
Ce bouquin il attendra; arrivé trop tard. L'heure c'est l'heure; même les enfants le savent. A 8h30, l'école ferme ses portes; à 8h31, tu restes sur le trottoir, et donc représailles : ni ordi, ni télé jusqu’à demain. Je sais, je suis un tyran.
Pourtant il est plutôt maigre le catalogue, 200 numéros à tout casser. Alors un livre de plus, un livre digne de ce nom, je suis preneur. Mais là, j'ai plus le temps, je dois rendre ma copie. Tant pis, ce sera pour une prochaine vente, même qu'il fera une très bonne couverture de catalogue, ce livre de dernière minute.
Heureusement je ne suis pas tant démuni. D'abord, il y a ces grandes roses de Redouté. Mais qu'en dire ? Une double page bien torchée et passez muscade ! Surtout, il y a ces incunables qui me font bien plaisir, merci pour moi. Des beaux, des grands, des balaises, des qui en jettent, qu'on expose sous vitrine fermée et si ta gueule me plait pas, si je sens ton érection bibliophilique molassone genre touriste en veine de curiosité, alors j'ai pas la clef. Non, vraiment désolé... La faute au commissionnaire, Savoyard cuit au génépi qui rigole dans son coin. Reviens le matin de la vente entre 11h et midi. Parce que vois-tu, coté incunables, y'a du lourd, du matos en veux-tu en voilà; à la régalade. Du faaastoche qui plus est, des grosses machines tracables, connues, déjà sanctifiées par des ex-libris qui les introduisent genre «by appointement». Une seule chose à faire, trouver quelque chose de nouveau à raconter, une histoire qui ne sera pas une resucée, qui ne sera pas un copié-collé wikipedia; genre l'auteur, sa vie, son oeuvre; même pas ses moeurs au cas ou on serait tenté de rigoler.
D'ailleurs ils n'ont pas besoin de moi pour leur faire l'article; ils vont se vendre tout seuls les petits chéris.
Mais bon, je ne peux pas me contenter d'une fiche technique. Et il y a tant de choses à dire; s'intéresser à l'imprimeur; plancher sur ses presses, ses fontes, sa gens, se