L'influence de la musique
La cause semblait entendue. Le divorce de la raison et de la foi ne pouvait que signifier l’évacuation de la question de Dieu hors du champ philosophique. Implicite ou explicite, elle y reste pourtant bien présente.
Si “ Dieu est mort ”, comme l’a proclamé Nietzsche, la question de Dieu n’en continue pas moins de faire penser les philosophes. Après le retour du religieux puis celui de la philosophie, jusque dans les cafés, peut-on pour autant parler d’un retour de la question de Dieu dans la philosophie ? “ Cette question n’a jamais cessé de travailler la philosophie, nuance Gérard Bailhache*, professeur de philosophie à l’ISTR de Marseille. Elle a semblé absente parce qu’elle n’était plus traitée sous l’angle métaphysique depuis Kant. Mais elle s’est enracinée dans une approche plus centrée sur l’histoire et la culture. Dans cette perspective, la notion de Dieu est prise comme une donnée culturelle qui, parce qu’elle a produit du sens et façonné des manières de penser durant vingt-cinq siècles, ne peut être purement est simplement ignorée. ” En d’autres termes, il s’agit moins d’un retour que d’un renouvellement de l’approche philosophique de la question de Dieu. En témoigne, hors du strict champ de la philosophie, le dernier livre de Régis Debray*, “ Dieu, un itinéraire ”. Ouvrage qui a surpris plus d’un venant de la part d’un intellectuel agnostique suspecté, du coup, d’inavouables penchants religieux. Symptôme d’une époque qui reste encore dominée par la représentation d’une opposition irréductible entre raison et foi, confinant l’ensemble du discours religieux dans le registre de l’irrationnel. La fracture vient de loin, même si tel n’a pas toujours été le cas dans l’histoire de la pensée. Pour les Grecs de l’Antiquité, la cohabitation entre récit mythologique et discours philosophique ne suscitait guère de conflits, comme le montre Lucien Jerphagnon* dans “ Les dieux ne sont